vendredi 16 mai 2008

Sommet Union Européenne- Amérique Latine

Philipe Zygel, Agence France-Presse, Lima

Le Pérou a transformé jeudi sa capitale en bunker, à la veille d'un sommet réunissant à Lima une cinquantaine de dirigeants de l'Union européenne et d'Amérique latine, sur fond de blocage commercial et de tension politique.

Missiles anti-aériens, avions de combat, experts en guerre bactériologique, et tireurs d'élite : les autorités ont établi un dispositif de sécurité sans précédent, mobilisant 95 000 militaires pour ce cinquième rendez-vous intercontinental. Les abords du Musée national, un austère bloc de béton qui accueillera le sommet, ont été entièrement bouclé dans le quartier résidentiel de San Borja, où patrouillent des blindés légers. Les mesures de sécurité sont à la hauteur d'un sommet qui s'annonce tendu avec des débats consacrés notamment à la pauvreté, un thème crucial en Amérique latine, la région la plus inégalitaire de la planète. L'Amérique latine compte environ 194 millions de pauvres, plus du tiers de sa population totale, et le dixième de ses habitants y concentre la moitié de la richesse, selon les Nations Unies. La hausse des prix alimentaires pénalise une région dont la production agricole ne parvient pas à enrayer le fléau de la sous-nutrition qui touche plus de 50 millions de personnes, suscitant une polémique autour des biocarburants chers au Brésil. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est engagé à «tout faire» pour que la rencontre ne soit pas qu'un «sommet de plus». Sur le plan politique, la rencontre entre les chefs d'État risque d'être animée par les diatribes du président vénézuélien Hugo Chavez, qui a promis d'intervenir au «sommet des peuples», une contre-manifestation du mouvement altermondialiste.
Un autre dossier explosif menace de perturber les débats avec la publication attendue d'un rapport d'Interpol sur les liens entre le Venezuela et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), une guérilla inscrite sur la liste des groupes terroristes de l'Union européenne.«Le sommet ne débouchera vraisemblablement pas sur des accords très importants», a prédit le politologue péruvien Aldo Panfichi, dans un entretien accordé à l'AFP.Selon ce professeur à l'Université catholique de Lima, le «cas Chavez» pourrait au moins avoir le mérite de «mettre clairement les problèmes sur la table» et «clarifier les options qui divisent les deux continents».

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