jeudi 8 mai 2008

Pas un CAP de préparation aux ONG

Lire de dossiers ventrus, revoir sa géographie, ses indices humains de développement et éplucher des budgets, des projets qui n'ont rien à voir avec le Pérou à quoi bon me direz-vous lorsque le travail d'Ayud'art s'empile sur la grande table qui ploie déjà fort?
Je suis fière et émue de faire partie du jury de cette bourse qui a fait tellement plus que de me juger un samedi matin de Mai 2003. Des entretiens, des commissions, en 6 ans, on commence à connaître, mais cette alchimie-là, ces grands reporters au regard aussi tendre que leur plume vole au grè des vents, ces amis de Gérard Fénéon qui jamais ne sombrent dans le nostalgico-passéiste mais qui ont envie de vibrer avec la jeunesse France venue défendre 45 minutes durant ce qui risque bien d'innerver l'énergie de toute une vie -et je suis bien placée pour le savoir..- de croire encore en la beauté du geste malgré leur minutieuse connaissance géographique, financière et politique du monde, ces messieurs qui savent rire et sourire avec les mots et avec la vie autour de cette dame, cette Edith Fénéon qui insuffle à elle seule l'esprit de celui qui leur manque tant à tous dans ce sourire calme, exigeant et tellement humain.
Merci de m'apprendre que la foi n'a pas de religion, merci de me montrer l'envers du décor et de faire de cette bourse une preuve vivante que lorsqu'on y croit le temps ne ternit pas les couleurs mais cherche chaque fois un nouveau moyen de les mettre en lumière.
Extrait du site de la bourse Fénéon.
Ce site est né d’une amitié… Il aide à conserver intacte l’émotion de ce samedi 30 novembre 1996, lorsqu’arriva soudain à Metz la nouvelle brutale de la mort de Gérard Fénéon.
Il était, depuis vingt-cinq ans, grand-reporter au “Républicain Lorrain”. Ses collègues, atterrés, partagèrent la peine d’Edith son épouse, avant d‘entreprendre, avec la direction du journal et au plus près de la famille, des démarches douloureuses et très compliquées… Notre ami disparut en effet à 53 ans, loin de chez lui. Il avait certes pris souvent des risques dans des dizaines de pays et sur tous les continents mais c’est à la suite d’un accident qu’il mourut dans le désert de Lybie. D’où cette Bourse Gérard Fénéon, créée en sa mémoire et qui dure depuis.
Une telle fin est la pire chose qui puisse arriver dans ce métier certes formidable mais porteur de sombres imprévus. Gérard nous quitta en pleine forme physique, lui que la vue d’un globe terrestre fascinait. Elle lui suggérait chaque fois un reportage possible, comme s’il voulait planter partout de petits drapeaux. Si l’on avait interrogé le millier de personnes qui assistèrent à ses obsèques, et dont beaucoup n’étaient que de fervents lecteurs de ses reportages, on aurait obtenu chaque fois l’image d’un infatigable professionnel toujours entre deux valises. Celle d’un écrivain à la plume alerte, mais que le besoin d’authenticité rendait allergique aux langues de bois et aux caravanes journalistiques. Et surtout celle d’un esprit attachant, qui penchait du côté des faibles mais se méfiait des idéalistes. On ne rencontre pas tous les jours dans le métier un tel mélange de vitalité, de compassion, de prudence et d’humour. Jamais blasé. Chaque fois qu’il retrouvait, joyeux ou éreinté, sa maison de Montigny au retour d’un reportage, Gérard avait dans son carnet les adresses de nouveaux copains du bout du monde. Leurs noms venaient grossir le cercle d’amis qu’il avait su se faire en Moselle et dont il était, de par son énergie, le meneur… C’était le charme de ce voyageur solitaire : il attirait les autres. Au journal, on s’était habitué depuis des années à le voir traverser la salle de rédaction pour aller partager un café en racontant les imprévus de son dernier voyage. Bien sûr, il avait son caractère, comme tout le monde, mais son abord était ouvert à tout ce qui lui semblait nouveau. L’année de sa mort, pourtant, les difficultés économiques poussaient déjà beaucoup de jeunes à taire leur désir d’aventure par souci de trouver un CDD. Les temps avaient changé . Gérard, lui, avait su prendre un risque alors que, journaliste au “Dauphiné Libéré”, il avait accepté en 1970 de quitter Grenoble pour travailler dans la presse messine. Ainsi continue, depuis 1997, la Bourse Gérard Fénéon. une main offerte à ceux ou celles que tente encore l’imprévu, aux esprits libres que taraude un projet, mais qui n’osent franchir le pas, faute d’argent ou par timidité. Elle n’est pas un concours d’entrée au journalisme, ni un CAP de préparation aux ONG. Elle s’adresse à tous les talents, y compris les plus techniques ou les plus baroques. Il suffit de savoir ce que l’on veut et d’aller au bout de son idée, en n’oubliant jamais que tout voyage, même le plus fou, reste une entreprise. La Bourse implique les pieds sur terre et l’esprit d’aventure…

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