lundi 21 juillet 2008

Exposition Baroque Latino, où les colibris sont des anges.

Musée Ballars, tous les jours sauf le mardi, 2.8 euros.
L'exposition "Baroque Latino", jusqu'en février 2009, est exceptionnelle. Elle nous entraîne dans les pays du soleil, outre-Atlantique, à la rencontre d'une peinture éblouissante née de la rencontre entre les courants européens et les sensibilités amérindiennes.
Face à la vague iconoclaste du protestantisme, et au moment où, de l'autre côté de l'Océan, se pose toujours la question de l'évangélisation des masses indiennes, le Concile de Trente, au XVIe siècle, réaffirme la vénération due aux images et leur valeur didactique. Pour les couronnes portugaises et espagnoles, l'art sacré apparaît donc comme outil de propagande et un moyen d'assujettir les populations qu'elles dominent. Des oeuvres européennes, notamment flamandes, italiennes et espagnoles, sont importées en quantité dans le Nouveau Monde tandis que des artistes espagnols et surtout italiens (Bernardo Bitti, Angelino Medoro...) arrivent en Amérique du sud. Des ateliers sont ouverts dans les centres urbains, où les oeuvres servent de modèle pour une production locale de peintures, sans influence indigène. Mais au fil du temps, des élèves autochtones ou métis vont peu à peu imprégner les productions avec leurs propres sensibilités et inspirations. Elles se feront sentir dans le drapé des personnages, les fleurs nombreuses, pour témoigner de la luxuriance de la végétation sud-américaine, les oiseaux... Ainsi plusieurs écoles vont émerger au Pérou et en Bolivie, notamment celles de Potosi, Callao, Cuzco et Lima. Leurs peintures témoignent non seulement d'un syncrétisme esthétique mais gardent le souvenir, derrière les apparences chrétiennes, d'une pensée religieuse que l'Eglise avait voulu bannir.

Il y a beaucoup de représentations d'anges. Les créatures célestes sont en effet des figures très appréciées dans la production picturale andine des XVIIe et XVIIIe siècles. Certains artistes ont même représenté la hiérarchie céleste au complet: des anges aux archanges, en passant par les Trônes et les Séraphins. Mais ils ont su aussi les représenter d'une manière tout à fait originale. Parfois, dans un décor, sous la forme d'oiseaux (perroquets et colibris multicolores), puisque dans les traditions précolombiennes les oiseaux sont les messagers des dieux; tantôt, en pied sous une forme anthropomorphe, vêtus à l'antique ou d'habits militaires à la mode d'alors. Ils sont dans ce cas armés, non de la lance traditionnelle, de Saint-Michel par exemple, mais d'une arquebuse, une de ces "bouche à feu" qui avait tant effrayé les indiens lors de l'arrivée des conquistadors. Il faut y voir aussi une allusion à Illapa, dieu du tonnerre, des éclairs et de la pluie des incas.

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